La cariolle était tirée par deux chevaux. Ils avançaient lentement. La forêt les surplombait et le soleil penait à passer à travers les feuilles qui ne laissait filtrer que le vent, frais, qui rafraîchissait les visages plein de sueurs des hommes. Ils étaient, au total, près de vingt personnes. Tous habillés en habit militaire, ils se tenaient au coude à coude. Au centre des hommes, la cariolle transportait Tsuku et le capitaine de la garnison. Ils filaient droit vers le nord. Ils devaient se rendre quelque part dans un village perdu.
Le capitaine, stressé, regardait partout où il pouvait sauf le jeune homme en face de lui. Celui-ci ne faisait que le fixer, gardant un petit sourire à peine perceptible. Ses yeux, vides mais en même temps menaçant, laissait craindre le pire. Il déglutit et fit semblant de s'intéresser particulièrement à un arbre quelconque.
Lorsque la scène devint trop gênante pour lui, il finit par ouvrir la parole, et ce fût la première fois qu'il entendu le jeune Hakka parler:
- Alors, on se rend au nord, mais on m'a pas dit pourquoi ... Qu'est-ce qu'on va faire là-bas?
- J'ai laissé, dans un petit village, un trésor caché. Je m'en vais le reprendre.
Il lança un vague regard blagueur sur l'homme qui ne comprenait pas plus ce qu'ils allaient foutre là-bas. Il finit par s'excuser et sortit de la carriole. Le Hakka ne lui répondit pas, gardant un vague air d'amusement silencieux. Lorsqu'il prit pied à terre, un petit nuage de poussière s'éleva, le faisant tousser. Il prit un peu de vitesse et rejoint ses hommes fidèles, un peu plus à l'avant.
- Il me donne froid dans le dos ce type. J'ai hâte qu'on soit rendu et qu'on puisse repartir voir d'autres cieux si vous voyez ce que je veux dire.
- Si c'était que de moi, capitaine, on cramerait la cariole et on le laisserait là pour mort ce pourri.
- Par Gin Inkan, Wizibo! Faite qu'il ne t'ais pas entendu. J'ai été avertis à plusieurs occasions. On ne doit faire quoi que ce soit contre lui, on m'a dit qu'il était trop dangereux. Il est peut-être le chef d'une mafia, ou un shinobi même, qu'est-ce que j'en sais? Moi je veux juste le laisser derrière moi et partir faire fortune ailleurs.
L'homme nommé Wizibo cracha au sol mais ne rajouta pas un seul mot. C'est plutôt son confrère à ses côtés qui demanda au capitaine:
- Et ça prendra combien de temps se rendre là?
Le capitaine soupira en regardant au sol puis releva la tête pour regarder une rare portion du ciel visible à travers la forêt.
- À cette allure, je dirais six jours.