Le Retour du Leader

Le retour du Leader

Motoki Kinbara venait enfin d'être délivré de cette torture. Une torture pour lui, un bienfait pour d'autres. L'homme d'âge moyen tira une cigarette vite fait de sa sacoche. Ce n'étaient pas deux bouffées de fumée qui le tuerait. Il venait de frôler les portes de Thanatos et de rejoindre l'ange Raziel dans son trépas. Sifflotant en même temps, l'homme pensait à son titre. Depuis de longues années, il dirigeait le clan céleste. Du sang d'ange, pourtant maudit par le destin. Son prédécesseur avait constitué un pari très fort, mais la dette du jour s'avérait salée. Aizen avait disparu dans les limbes et l'espoir s'était fait vain. Leur vengeance sur le Pays d'éole avait vogué au gré des vents avant de se retrouver emprisonner dans un hangar, dans les quartiers Sud de Kirigakure no Sato. Un lieu militaire de la marine du pays de l'eau. Eux, les néphilims, vivant dans un coin de pécheur.
Depuis, se dit-il, les choses avaient bien changé en deux décennies. Leur domaine reflétait maintenant la splendeur de leur clan.
L'homme jeta son mégot sur le sol, avant d'impacter la marque de ces sandales là dessus. Soupirant, il regroupa le reste de ses sujets et donna l'ordre de rejoindre le domaine Kinbara. Le trajet fut assez rapide. L'atmosphère contenait une certaine pression. Les regards de désapprobation, de dégoût. L'éloignement des kirijins comme s'ils représentaient la peste. Quelle déception se dit le patriarche. L'homme venait d'avoir une révélation : la conséquence de la situation d'instabilité politique, un rejet pur et dure des derniers foyers d'étrangers du village. Assurément, l'homme comprit que son clan demeurait la plus forte cible. Il devait, à son retour, demander une réunion des anciens pour connaître cette situation.

Enfin, se dit-il, la porte de ma maison, de mon dojo, la perle qu'il jurait de protéger. Il ne fut pas déçu par l’accueil. Son oncle Esuke ne décevait point ses attentes. Les membres shinobis du clan formaient une haie d'honneur. Du moins, les plus importants d'entre eux. Les genins n'étaient jamais invoqués pour les tâches lors des cérémonies.

Pour l'occasion, les membres étaient pourvus de lances tendus vers les cieux, comme pour témoigner de la grâce et la puissance de l'élu d'Amaterasu, leur chef bien-aimé. Motoki avança, suivi de son cousin Endo Kinbara. L'homme, en dépit de ses passions adultères, demeurait l'un de ses meilleurs shinobi. Il avait été frappé de la même épidémie que la mienne, que sa femme, pensa le patriarche. Les deux mariés ne goûtaient pas à la fête, ils étaient peinés. Ils avaient perdu leurs deux filles dans l'incendie. La vie leur avait rappelé alors toutes leur erreurs par cette maladie. Pour Endo, le fait qu'il ne fut pas un bon père pour son ainé, le dernier enfant qu'il lui restait. Un fils aîné qui le haïssait de toute son âme. Il devait renouer le contact avec son fils.
La femme, sa psyché se retrouvait diamétralement opposées. Elle avait pêché par jalousie. Véritable princesse pour son père, un noble du pays, les infidélités de son mari l'insupportait au plus haut point. Cependant, elle avait puni les femmes, des innocentes. Seul son mari était fautif. La punition s'abattait sur elle. Ses deux magnifiques filles, marchant dans les voies spectrales du Royaume d'Hadès. Il ne lui restait que le beau-fils, non-responsable des erreurs de son père. Elle pensait à mieux accepter cet enfant qui n'était pas le sien, mais elle se doutait que celui-ci leur en voulût, sûrement au point de vouloir les blesser. En fin de compte, ce n'était point un retour triomphal. Elle aurait préféré mourir de la maladie.

La cérémonie battait son plein. Motoki, un verre de saké en main, discutait avec son bras droit. Il fut amusé lorsque celui-ci lui déclara être heureux de retrouver sa position de bras droit, car être chef n'était plus pour un vieil homme. Le patriarche du clan avait retrouvé ses emblèmes de pouvoirs : le sceptre de Shunsuke et le fléau d'Amaterasu. Il était de nouveau chef, leader, pharaon de la pyramide Kinbara. Tout allait pour le mieux.
Il avait eu vent de la persécution subit par ses protégés. Elle ne resterait pas impunie. Toutefois, l'homme demeurait intelligent. Nouveau Mizukage, nouvelle politique. C'était peut-être le moment de grimper dans l'entourage du corps dirigeant afin de mieux implanter le virus de contrôle qui engendrait leur unique but : détruire Suna avec la meilleure puissance militaire du Yuukan et s'installer en tant que gouverneurs de cette province de l'empire Kirijin. « Le chef de l'Enclave » nourrissait de grands projets sur ses représentants dans la hiérarchie Shinobi. Un nom, Eidan Kinbara. Fils bâtard d'Endo, Cousin au second degré, cet enfant pourrait devenir l'un des meilleurs maîtres lumière. Le chef connaissait les moqueries que le jeune homme avait subies. Il n'intervenait pas, car il pensait que cela forgeait le caractère du garçon. Véritable stratège, la stratégie du jeune homme ne lui était pas inconnue. Même sur un lit d'hôpital, Motoki possédait des yeux et des oreilles dans toute la cité. Eidan tentait d'unifier la jeunesse. Bonne idée, la jeunesse était le creuset de toute construction. Les avoir sous sa coupe, pensait l'homme, ne pourrait être que bénéfique.

Au-delà de ce fait, le patriarche demeurait conscient des capacités du jeune homme. Deux techniques inventées avant la majorité, peu dans le clan pourrait en dire autant. Il devait continuer à garder un œil sur ce garçon, il pourrait devenir l'un des hommes de confiance de son successeur et cousins, c'est-à-dire l'un de ses fils qu'il espérait voir un jour prendre le flambeau sacré.

Les anges étaient entrés au Paradis, après avoir terrassé les démons et l'apocalypse. L'homme se rappelait de cette phrase. Enfin, il lui faisait honneur.

                                       
                                       

Fin du RP