[Fin.] Étouffer la menace de l’œuf. [Solo]

Une cigarette nichée au coin des doigts, de mon siège je finissais de signer quelques papiers avant de soupirer longuement en me retournant pour observer le village, dans la nuit. Pleine lune… Tout est bien visible, agrémenté de l’éclairage publique. Cette nuit ne m’inspire guère…

Ouvrant une fenêtre, je sentais le vent glacial frapper ma peau, alors que je fronçais doucement les sourcils. Attrapant mon haori pour l’enfiler, je me munissais de mes clés et de mes deux sabres pour grimper sur le toit du bâtiment, le plus haut du village, un rapport entre les doigts. Mes yeux se dirigeaient lentement vers la réserve de nourriture qui avait explosé quelques jours plus tôt. M’asseyant en tailleur je fronçais les sourcils en observant en détail les mots qui étaient écrits.

Cette enquête avait mesure d’être agaçante, rien n’avance comme je le souhaite, et ce vent qui m’empêche d’ouvrir les yeux convenablement n’arrange rien. Plongée dans ma réflexion, je me levais pour faire le tour du cercle en effleurant la rambarde. Auberge, hôtel, bâtiments désaffectés… plusieurs endroits sont relativement propices à héberger ce genre d’attaque.

Cette histoire de masque de Konoha me chiffonne quand même… Pourquoi un village dont nous n’entendons plus parler depuis plusieurs mois, comme s’il était en hibernation nous attaquerait-il ? C’est absurde. D’autant que nous sommes supposés être en bons termes, d’une part, et d’autres pars, ils n’auraient aucun intérêt à se faire porter le chapeau…

Me mordillant le bout de l’ongle je réfléchissais, en pliant le rapport pour le glisser entre deux rambardes. Ca ne colle pas. L’attaque n’a rien de préparé. C’est terriblement maladroit. Donc, ce n’est pas Konoha. Iwa ? Le Culte ? Fermant les yeux un instant, je les rouvrais brusquement en percevant un hurlement porté par le vent. Mon mauvais pressentiment s’accentue alors qu’une sensation d’épouvante nait à mon minois.

« Parusu, Mezasu. »

Subitement, l’impulsion venait sur la rambarde, me propulsant sur un bâtiment non loin, la ferraille se tordant sous le mouvement donné, puissant, alors qu’en une quinzaine de secondes à peine, j’en décousais au domaine des Nasubuki dans lequel gisais plusieurs cadavres alors qu’en disposait un homme doté d’une… Drôle d’épée. Ce serait donc lui ? Me mordillant la lèvre inférieure, je me retenais de bondir pour attendre le moment adéquat.

C’est d’un geste précis, rapide, et brutal que je sautais à son dos, mes pupilles reflétant la lune alors que j’écrasais mes deux pommeaux sur chaque épaule de l’homme, dans le but de briser celles-ci, et par extension tout mouvement de ses bras, mais encore et surtout de le plaquer au sol par terre.

« Rokkusuru ! »

résumé:

Mon regard brûlant dévorait l'individu dont le merci se vouait à mes lames. Une aura meurtrière s'évadait sans interruption de mon corps alors que mes nerfs créaient de légères palpitations au sein de mon être. Les cris se déchirant dans ma poitrine, d'un cœur irrigué de haine se mélangeait à une mâchoire crispée. Je n'ai qu'une envie en l'instant… Le massacrer, le détruire, transformer son visage en bouillie. Relâchant l'étreinte de mes lames sur ses épaules meurtries, les os ravagés par mes deux pommeaux alors que les lueurs grises de mes prunelles s'envenimaient peu à peu.

Donne-moi une bonne raison de ne pas te tuer. C'est ce que mes émotions me criaient de lui asséner alors que la raison, elle, me guidait en tant que dirigeante, me poussant donc au contrôle. Rangeant une lame, l'autre toujours à ma main, j'effectuais un signe rapidement, alors que mon aura s'éteignait, de même que ma colère. L'un des jutsu les plus puissants de mon clan avait totalement réduit à néant mes émotions superflues. Le Satori, une méthode poussant à la méditation extrême, pour tout analyser plus rapidement.

Voyons voir… Lentement, mes genoux venaient s'appuyer à la chute de ses reins de façon à lui briser la colonne vertébrale au moindre mouvement brusque ou suspect. D'un rapide coup d'œil, j'observais son vêtement froissé par mon coup. Du bout de la lame, j'en déchirais le vêtement pour constater l'hématome. L'os est bien brisé. Ses bras ne bougeront plus. Ne reste que deux potentiels dangers… Son visage, et un éventuel complice. Faisant doucement craquer ma nuque, je reculais brusquement pour le soulever par le col, de dos et l'attraper par les cheveux de façon à couper tout mouvement de retour tout en posant un pied sur son tibia à l'arrière pour le forcer à plier ses jambes et lui éviter la moindre impulsion.

« T'as des complices ? N'essaie pas de me mentir. La particularité de mon clan me permet de le savoir immédiatement. Si tu mens, je te pète une jambe. Si tu continues de mentir après que j'ai répété ma question, je te pète la deuxième. Si tu t'obstines, je détruis tout tes moyens de te défendre ou d'appeler à l'aide et je te livre immédiatement à la section interrogatoire, qui se chargera d'inspecter directement ton cerveau et ta mémoire. A toi de faire tes choix. Ne crois pas que j'aurai la moindre pitié, mon corps est dans un état de stase, je ne ressens absolument rien. »

Ma voix était calme. Contrôlée. Presque comme si j'étais possédée, alors qu'en mes yeux naissaient la lueur du Kenmeigan, ce dernier grands ouvert, captivé par le monde environnant. Avec les secondes, mon emprise sur les cheveux de l'homme s'adoucissait. Je l'entravais toujours de tout mouvement de la tête, cependant, la raison étant emprise de moi pendant un petit moment, mon corps se détendait et mon rythme cardiaque s'adaptait à la situation pour être le plus efficace possible, mes tremblements de nervosité s'étant arrêtés. Ceci dit, d'un geste dissuasif, je faisais tourner mon katana entre les doigts, celui-ci émettant un léger bruit en frottant avec l'air, assez proche de lui pour lui faire comprendre qu'il me faudrait un instant pour mettre fin à ses jours.

résumé:

Il est sincère… Du moins il y a du flou dans ces émotions. Je pense que l’état dans lequel il est ne l’encourage pas à faire du tri dans son esprit. Du bout des doigts, je redressais l’homme de façon à le retourner face à moi, mes yeux se plongeant en les sien en ignorant le sang a ses lèvres et a son nez. Signant d’une main, je laissais ses sens se confondre en les miens. Le Kenmeigan stoppait son activité alors qu’une sérénité certaine nous gagnait tout deux. Comme un état de transe, comme si la réalité nous quittait. Le contact entre nous deux semblait se renforcer et mes émotions et mes sentiments se superposer aux siennes. Un blocage… ? C’est ce que je ressentais du moins.

Cet homme est manipulé. La somme de ses émotions est sans queue ni tête. Fronçant doucement les sourcils, je laissais un Shunshin rompre notre présence, notre voyage s’achevant devant mon bureau, le tenant à bout de bras en enfonçant la porte du pied pour le poser sur un canapé. Conserver ce lien entre nous deux me permettait de conserver une docilité certaine entre nous deux, et lui permettre d’oublier la douleur de façon à instaurer une forme de confiance.

Me mettant à califourchon sur l’homme qui subissait de force les effets du Satori, je relâchais doucement mon étreinte pour laisser ses émotions reprendre le dessus, alors que mes doigts couraient lentement à sa poitrine après avoir arraché une partie de son haut de manière à ce que ma main glacée soit en contact avec sa peau, fermant un bref instant les yeux pour signer de ma main libre.

« Kai. »

Genjutsu ou Fuinjutsu, peu importe, ce sont mes domaines de prédilections. A moins que cet homme soit une marionnette trop sophistiquée pour que je sois en mesure de la comprendre, toutes les entraves à ma mesure vont maintenant disparaître alors que ce nouveau contact mettait à nouveau fin à sa douleur, le temps de quelques instants pour nous offrir à nouveau l’osmose.

« Ecoutez-moi. Je ne sais pas si vous avez conscience de ce qu’il s’est passé. Tant que je serai en contact avec vous, vous serez détendu et la douleur ne fera pas acte. Vous avez été manipulé et cela a conduit au massacre de plusieurs des miens. Je suis Kaede Malah Junko, Kazekage en fonction, vous êtes en plein cœur de Suna, au pays du vent. Tant que je serai en contact avec vous, la douleur ne sera pas un problème. C’est un bon compromis, je pense. Si cela vous conviens. Vous souvenez vous de quelque chose ? Votre nom, au moins, d’où vous venez ? Votre mission ? Prenez votre temps pour faire le tri en votre esprit. Je demeurerai ainsi le temps qu’il faudra.  »

Emotions superflues mortes au plus profond de moi, mon regard était assez serein. A mes doigts froids se mêlaient mon alliance, couleur or. Un bien qui ne manque pas dans un pays comme le nôtre. De ma main libre, je fouillais en mes vêtements à ma poitrine pour y tirer un paquet de cigarettes, dans lequel trônait un briquet pour en glisser une à mes lèvres. La discussion risquait d’être longue… Tendant le paquet vers lui, je reprenais.

« Cigarette ? La nicotine vous aideras peut être à vous détendre, quand je vous lâcherai, l’emprise de mes émotions sur votre corps s’estompera et la douleur reviendra. J’ai dû vous briser les épaules pour vous arrêter. »

résumé:

« Le pardon ne se demande pas, monsieur Akemi. Il se gagne… »

Un regard bienveillant transparaissait à mon minois alors que je regardais l’homme reprendre ses esprits. Ainsi était-il… Le Tsuchikage allait m’entendre, qu’il en soit certain. Il n’est pas là une manière de prendre soin de ses villageois. Qu’a donc traversé cet homme pour être confronté à une réalité aussi abjecte ? Alors que le vide provoqué par le Satori semblait disparaître, naissait en moi une forme de compassion, et d’admiration face à son courage qu’il pouvait aisément ressentir au même titre que moi. La rupture du Satori redonnait naissance à des émotions plus humaines à mon cœur alors que le flot tout entier de ce que j’étais s’offrait brutalement à lui.

Et que suis-je ? Amour, peur, colère, hésitation, fatigue, courage... Tout ce qui me composait s’offrait soudainement à lui, qui peu à peu se trouvait en mesure de retrouver des émotions plus humaines aussi, bien que la douleur à ses épaules était clairement estompée par ce partage d’émotions. Glissant l’un des cylindres à mes lèvres pour l’allumer, je venais ensuite le nicher au niveau des siennes pour en allumer une aussi. Prise d’empathie, de fatigue et de frustration autour de cette situation, mes émotions me rattrapaient, et alors que j’allumais moi-même une cigarette, mes larmes s’effondraient sur le torse mi nu de l’homme, mon corps s’encombrant de quelques tremblements.

« J’espère de tout cœur que votre Maman se porte bien… Vous êtes en sécurité maintenant, vous en avez assez fait pour le monde ninja. Laissez-moi m’occuper du reste… »

La rédemption. Voilà ce que j’invoquais en l’instant, en tirant une latte sur ma cigarette avant d’effectuer quelques mudras d’une main pour ne pas rompre mon contact, mon chakra se mêlant à celui de ses bras dans l’objectif de les sceller au niveau de ses épaules de façon à faire disparaître la douleur. Ma compassion bien trop lisible, il était impossible de considérer cela comme une volonté de le mettre hors d’état de nuire. De toute façon, c’était déjà le cas.

« Mon chakra s’exprime à l’intérieur de votre corps, je vais contacter l’équipe médicale pour réparer les dégâts que j’ai infligé à vos épaules. Mon sceau devrait vous empêcher de souffrir pendant ce temps. Ecoutez-moi bien. Vous n’irez pas en prison, nous ne fouillerons pas votre cerveau. Après vos soins, j’aimerais de votre part un rapport écrit détaillé de tout ce que vous avez vu. Vous êtes libre de rentrer chez vous, cependant, quitter le désert seul ne vous entraînera qu’à la mort. Je vous propose une escorte pour vous ramener jusque votre pays, jusqu’à votre Maman, en l’échange de ces informations. Je puis concevoir que vous préfériez protéger les secrets de votre village, aussi, vous vous doutez bien que ne m’intéressent que les informations relatives au culte. »

L’aidant à fumer, maintenant que je pouvais le lâcher, avant de le redresser pour l’asseoir, je le séparais des deux bracelets, les scellant eux aussi dans un parchemin avant de soupirer une bouffée de fumée expiatrice en me redressant pour me diriger vers une fenêtre et l’ouvrir, sifflant en tendant le bras, un aigle venant s’y poser, y transmettant de rapides informations d’urgences pour l’équipe médicale et la section scientifique, offrant un baiser au sommet du crâne de l’animal.

« Va, dépêche-toi, c’est important. »

Fis-je après avoir attaché les deux parchemins autour du cou de l’animal, le premier, donc prioritaire, destiné à la section médicale.