Suivez les flèches [PV : Yagami Akoshana]

Rang C

Quelques coups de dents timides dans un taiyaki, le sachet contenant le reste contre sa poitrine, Warumi grignotait une fois de plus en se baladant dans le seul village qu'elle fréquentait. Il lui arrivait bien sûr de sortir, mais seulement pour des missions, et ce n'était jamais vraiment bien loin. En plus de ça, elle y trouvait tout ce qu'elle désirait, et c'était là qu'elle habitait, alors ça ne la dérangeait pas de ne pas découvrir les autres villages cachés. La seule chose qui pourraient l'intéresser serait des missions avec des sunajins, mais pour le moment il y en avait aucune qui entrait dans ses cordes ou qui l'intéressait, ou qui pouvait être accompli en solitaire.

Comme toujours, le soleil haut dans le ciel faisait chauffer les alentours, ce qui donnait aux commerçants l'occasion de vendre de nombreux plats chauds. Il leur suffisait sans doute de les préparer froids et de les laisser cinq minutes dehors, ça devait suffire pour les réchauffer après leur préparation. Ou alors c'était bien plus complexe, Warumi n'y connaissait rien en cuisine, elle laissait faire le spécialistes et achetait du tout-fait. Un petit vent venait parfois rafraîchir l'ambiance, ce qui propageait les effluves de nourriture un peu partout dans la zone commerciale, ce qui donnait toujours envie de leur payer un petit quelque chose. Même le contenu de ses taiyaki était presque chaud, au moins ça les rendait bien tendres et juteux à l'intérieur.

La chaleur poussait souvent les touristes à chercher de la fraîcheur, c'était pour ça que certains endroits où on achetait beaucoup étaient plus frais, sans doute à l'ombre. Mais pour Warumi elle aimait tout aussi bien la chaleur, elle avait l'habitude après tout, c'était son village natal. Elle ne ressentait aucune envie de fraîcheur spéciale, au contraire, parfois elle trouvait l'ambiance un peu frisquette quand un nuage venait obscurcir le soleil quelques minutes. Heureusement pour le moment ça allait, il n'y avait rien de spécial à signaler, les rues étaient agitées comme d'habitude, Suna prouvait une fois de plus que l'ordre régnait efficacement. Du moins pour l'instant, personne ne pouvait savoir si quelque chose allait bouleverser son quotidien.

Rang A

Journée normale pour Yagami. Garde, tout ça. Ses subordonnés étaient à leurs postes, déambulant à travers la ville afin d’effectuer leur rôle de protecteurs. Désamorçant des conflits, ou rassurant simplement la population par leur présence, les sentinelles dirigées par miss Akoshana faisaient bien leur travail. La journée était plutôt calme, le vent soufflait légèrement et la jeune femme laissait sa chevelure en profiter. Positionnée sur un bâtiment et observant la mer de sable s’étendant à l’horizon avec pour seule limite le bleu du ciel, la jeune femme souriait niaisement. Journée calme et reposante. C’était rare que la jeune femme se retrouve dans un tel état de bonheur tranquille. Mais elle appréciait clairement l’instant.

Descendant de son piédestal, Yagami se retrouva dans le marché. Ici, nombre de marchanrds tenaient tout autant d’échoppes, vendant fruits et légumes et autres plats cuisinés pour subvenir à leurs besoins. Les délicieuses effluves des mets environnants flottants dans les airs ravirent l’odorat de la jeune femme. Celle-ci ne l’avait jamais vraiment remarquer, mais le bonheur pouvait aussi être dans les choses simples. Un jour calme. Un horizon dégagé. Un ciel bleu. Des senteurs exquises. Il manquait peut-être quelque chose pour avoir un jour parfait. Alors que le doux regard de la jeune femme embrassait l’endroit, celui-ci se posa sur un doux jeune homme, buvant seul à la table d’un bar un cocktail typique du bar en question, que Yagami avait fréquenté déjà quelques fois. Toujours avec un grand sourire, la jeune femme ajusta sa tenue avant d’aller aborder le jeune homme, pour le faire se sentir moins seul, disons.

L’homme en question, un grand brun à la peau plutôt blanche par rapport aux standards du pays du vent, fut étonnée par l’arrivée de la jeune femme. A côté de lui se trouvait un sac à dos à l’air résistant. Un touriste ? Probable. Yagami n’a jamais eu l’occasion d’observer ce faciès de toute sa vie, détail qui la faisait pencher vers le cas du touriste plus qu’autre chose.

– Bien le bonjour ! Vous découvrez Suna, je suppose ? Je m’appelle Yagami. Je connais cette ville par cœur, peut-être que je peux vous aider ?

Et la discussion s’engagea alors. Le jeune homme, à l’origine assez surpris et sur la défensive, se détendit progressivement au fur et à mesure que son interlocutrice le mettait en confiance ~~dans le but de lui voler son consentement~~. Cependant, Yagami n’avait pas remarqué que, non loin d’ici, une jeune fille armée de ses Takiyaki veillait au grain, et s’amuserait peut-être à déjouer les plans de la jeune femme.

Rang C

Comme toujours haut perchée, Warumi parcourait les toits de Suna à la recherche de crimes à punir sévèrement avec ses flèches. Après tout c'était un peu sa raison de vivre, elle avait toujours appliqué la justice comme le lui avaient enseigné ses parents, et de préférence sans se faire prendre. Son seul ami et compagnon était entre ses jambes, attaché avec des lanières sur elles, en pièces détachées. Sans lui, elle aurait du mal à projeter ses flèches aussi loin, personne ne pourrait autant l'améliorer que cet arc qu'elle avait depuis toujours. Avec lui, elle punissait les mauvais comportements de sa propre manière. Du moins, les comportements gratuits pour la plupart, ou insensés, qui nuisaient clairement à la réputation de Suna. Bien sûr elle ne prenait que les cas extrêmes comme du racket, du recel, ou de simples agressions parfois pour le plaisir.

Un peu plus loin, une blonde plantureuse rencontrait un touriste, entamant la conversation avec lui. Mais c'était loin d'être anodin car elle se montrait bien entreprenante pour une banale guide aux pensées purement professionnelles. Du moins, si c'était professionnel, ce n'était sans doute pas pour le métier de guide. L'ennui était qu'en tant qu'assassin ou simplement justicière, Warumi ne pouvait pas laisser ses émotions guider ses actions, elle n'avait pas le droit de punir ceux qui n'enfreignaient pas les lois. La seule chose dont on pouvait l'accuser était d'aguicher les touristes pour son plaisir sexuel, à moins que ce soit pour autre chose. En plus de ça, ce genre d'attitudes avait au contraire l'avantage de donner une bonne réputation, pour ceux qui avaient l'esprit ouvert et qui étaient satisfaits pour un rien. Peut-être que Warumi n'avait jamais reçu ce genre d'avances même subtiles de la part d'un garçon au vu de ses formes plutôt radines, mais elle ne pouvait pas accepter qu'elle lui fasse visiter le côté pervers de Suna en premier.

La seule différence avec les cas habituels était que la demoiselle ne pouvait décemment pas blesser la blonde pour son attitude, encore moins la tuer. En revanche si elle pouvait la remettre sur le droit chemin, et sa victime également, ce serait déjà une bonne victoire. Après tout elle détestait les choses perverses, ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait changer d'avis et laisser passer des comportements indécents de la part de quiconque. Elle comptait ainsi lancer un premier avertissement pour essayer de refroidir un peu ses désirs ardents. Vu comme elle était habillée, c'était évident qu'elle cherchait plutôt des regards sur son décolleté que sur son visage, ce n'était pas vraiment pour une visite de la ville mais plutôt des chambres d'hôtel populaires.

Ainsi Warumi commença par défaire son arc de ses lanières de jambes, l'assemblant pour créer enfin son arme. Avec ça, elle avait eu largement le temps de s'habituer à sa précision relative et à sa vitesse, une visée aussi rigoureuse ne devrait pas trop poser problème. Elle le banda alors pendant qu'elle se détendait progressivement. Cependant elle le relâcha rapidement car l'angle n'était pas le bon, l'obligeant à se déplacer pour se caler au bon endroit et obtenir l'angle désiré. Sans plus attendre elle recommença à bander son arc en visant la tête du touriste en premier lieu, l'index replié sur la corde et l'autre pointant la cible. La direction du vent était facilement déterminée grâce à ses vêtements amples et légers, quant à l'estimation de la distance elle le faisait à l'oeil avec ses connaissances de la ville. Avec ça, il n'était pas difficile de prévoir le décalage de la flèche qui subirait un vent faible dans une direction plus ou moins précise. Après avoir attendu le bon moment une bonne minute, statique au mieux, Warumi lança sa flèche ordinaire entre les deux individus, créant une ligne sanglante à peine visible sur le nez du touriste, allant alors se cacher dans une ruelle à côté d'eux en se plantant dans une caisse. De son côté, Warumi bondit sur un toit un peu plus bas pour se cacher, elle voulait donner l'impression que le projectile était venu de nulle part, et non pas de quelqu'un de jaloux de son succès et de puérile.

Rang A

La discussion continuait tranquillement. La Sunajin jouait de ses charmes comme à son habitude, et tout se déroulait à la perfection. En même temps, c’était assez rare que ça se passe différemment, de toute façon. Cependant, quelque chose de pointu et d’aérodynamique vint jouer les troubles fêtes dans les plans de la jeune femme. Une flèche venait de s’envoler, dessinant une petite plaie très peu profonde sur le nez de l’interlocuteur de la jeune femme avant de se ficher dans le bois d’une caisse non-loin de la terrasse du café où discutaient le touriste et la locale.

Qui avait bien pu faire ça ? La première réponse possible était Warumi Fumiha. Yagami ne connaissait pas tous les shinobis du village, bien évidemment, mais quand quelqu’un utilise arc, forcément, ça se remarque. La jeune femme ne savait pas pourquoi la shinobie manieuse d’arc avait effectué cette action, mais dans tous les cas, la blonde allait lui faire comprendre que ce genre de choses est prohibé.

- Pas d’inquiétude. Je suis cheffe de la garde de ce village, et je pense savoir qui a fait ça. Je reviens, j’en ai pour deux petites minutes.

En jugeant l’inclinaison de la flèche ainsi que le trajet qu’elle a effectué, Yagami put aisément désigner un toit en particulier. Tout proche de là, quelques gardes patrouillaient. Leur cheffe leur intima l’ordre de rester ici pour garder la zone et protéger l’homme en question en cas de récidive. Grimpant sur le bâtiment repéré précédemment, la jeune femme observa les alentours, cherchant du regard une trace potentielle d’une Warumi Fumiha sauvage. La cheffe de la garde allait avoir quelques mots à lui dire. Et peut-être pas qu’elle, d’ailleurs.

Rang C

Maintenant que sa flèche avait séparé les deux individus pour la sécurité du civil, Warumi n'avait plus qu'à décamper de là. Elle avait l'habitude qu'on cherche la source du tir en se servant de la trajectoire, même si la flèche s'était engouffrée dans une ruelle obscure. Ainsi elle se retira de sa cachette en hauteur pour descendre de plusieurs toits et sortir du champ de vision de la blonde en train de la chercher. Elle commença d'ailleurs à démonter son arc pour le remettre derrière les lanières à ses jambes afin de faciliter ses déplacements. Même si elle n'était pas un radar sur pattes, elle pensait pouvoir retrouver la blonde facilement, maintenant qu'elle savait à quoi ressemblait la dévoreuse d'hommes.

Le temps que la situation se tasse, Warumi se cachait dans une autre ruelle pas loin de la rue principale qu'elle espionnait plus tôt, ses sens en éveil. La blonde avait l'air costaude, contrairement à elle qui était spécialisée dans le tir à distance plutôt que l'approche au corps à corps. Ainsi elle se contentait de se cacher en attendant qu'elle abandonne les recherches, au moins comme ça elle ne jetterait pas son dévolu sur des hommes pendant ce temps. Seul le temps pouvait lui dire si elle allait continuer de chercher ou pas, mais dans tous les cas elle surveillait les bruits alentour, quelqu'un qui cherchait était forcément plus bruyant, ses pas étaient plus rapides. Elle ne pouvait pas se vanter d'entendre la respiration de quelqu'un, mais elle serait sans doute aussi plus élevée si elle pouvait la percevoir dans l'ambiance actuelle des environs.

De temps en temps, Warumi jetait un oeil vers la ruelle au cas où la blonde serait revenue à son point de départ et qu'elle passerait devant elle. Pour le moment c'était le mieux à faire, peut-être qu'elle ne savait même pas à quoi ressemblait la personne qui avait tiré, ou même ne serait-ce que son nom. Après il ne devait pas y avoir des masses de catégories de futon, l'attaque à distance devait être la spécialité de beaucoup de ces maîtres qui utilisaient comme elle le style du vent comme ça. Dans tous les cas elle restait calme et fermait les yeux dans l'obscurité, ralentissant son rythme cardiaque pour qu'il compense les efforts récents et lui permette de se fondre dans la foule de coeurs battants au même rythme plus ou moins.

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