[La troisième épreuve ]

Les gradins étaient remplis de shinobis de tout âge. Sensei, genin, shuunin... beaucoup étaient venus assister aux épreuves décisives qui se jouaient depuis quelques jours.

Je jetai un regard circulaire à la foule avant que mon regard ne s'arrête sur la jeune genin assise à mes côtés. Akiko Hibiki regardait avec attention l'arène, sans doute impatiente de voir le combat qui se préparait. Nous l'avions rencontrée alors que nous descendions de notre bateau, une fois traversée la mer de Mizu. Elle était du même clan que sensei Kagami et accompagnée de deux autres genins et de leur sensei, Erina Sato. Eux aussi se rendaient au domaine futae pour assister aux examens shuunin, nous décidâmes donc de faire la route ensemble et le voyage se déroula sans encombre.

Akiko m'était particulièrement sympathique, et j'étais impatient de voir de quoi elle était capable. Cependant, si l'heure était bien aux démonstrations, ce n'était pas la jeune fille blonde qui entrait en scène mais deux aspirants au rang de shuunin...

A sa gauche se trouvait Katsushika.

"Il a l'air plus mature qu'à l'académie. Ce nouvel habit, représentant fièrement son clan lui donne une prestance qui le vieillit. Peut-être devrais-je songer à faire autant? D'autant plus que ma poitrine se développe, je ne suis plus une enfant.

[...]

Ce système de rouleau accroché à sa ceinture est vraiment fascinant. Cela doit lui permettre une vitesse d'exécution incroyable pour son Sumijutsu puisqu'il n'a plus besoin de support pour poser son papier, le fait qu'il soit tendu le rend assez solide pour écrire dessus..."

Les noms "DORUMO SABAKU" et "NABUNAGA RYUCHI" résonnèrent dans l'arène et brisa net le fil de pensée d'Akiko.

"Enfin!"

_J'ai hâte de voir ce que peut faire ce marionnettiste!
_Moi aussi!
_Cela dit, je suis assez sceptique, il s'est enfermé dans sa marionnette, il perds en vitesse je suppose... J'espère que sa marionnette est résistante, ou que les techniques de son adversaire ne reposent pas sur la rapidité...

Le voisin d'Akiko acquiesça d'un signe de tête tout en restant fixé sur le marionnettiste.

Certains membres du public se mirent à lancer des projectiles sur la marionnette. *BUNK* *BENG*, Akiko n'arrivait pas à discerner si cela sonnait creux ou plein. Le marionnettiste resta de marbre, qu'allait-il faire? Va-t-il attendre que son adversaire l'attaque?

Je poussai un grand cri d'encouragement pour Dorumo Sabaku qui avait déjà dévié avec une déconcertante facilité les kunais de son adversaire. Il se trouvait à présent au contact de Nabunaga et j'attendais avec impatience de voir le jeune Sabaku passer à l'action. Contrairement à ce que craignait Akiko, la marionnette était vive et il semblait en parfaite sécurité à l'intérieure. Pour ma part, je m'attendais à une attaque puissante du marionnettiste, et ce malgré le début de combat quelque peu chaotique de Dorumo.

- Voyons ce qu'il nous réserve! Je suis certain qu'il a plus d'un tour dans sa marionnette...

Un seul mot pouvait décrire l'expression sur le visage d'Akiko, un participe passé plutôt : ébahie. Akiko était ébahie par la rapidité avec laquelle le sunajin avait dévié les projectiles du ninja de Kumo.

"Pas si mauvaise que ça, cette grosse caisse de marionnette..."

Les cris de colères retentirent tandis que Nabunaga posait sa main sur la marionnette de métal. Katsushika était impatient et essaya un trait d'humour pas assez réussi pour attirer l'attention de la jeune Hibiki.

"Mais pourquoi?! Pourquoi est-ce que Dorumo le laisse s'approcher ainsi ... Il devrait le balayer avec ses armes, le couper en deux!"

_Mais qu'est-ce qu'il attends? DEMONTE-LE, SUNAJIN! IL T'HUMILIE!

Ce n'était pas très malin de la part de la Kirijin maîtrisant le son de ne pas prendre en compte le fait qu'avec tout les cris d'encouragement et de colère, le sien n'allait pas s'entendre.

_Onkyoton no jutsu! VAS-Y SUNAJIN, PUTAIN! s'écria-t-elle avec une voix bien plus forte qu'auparavant.

Bien que sa voix soit plus forte qu'avant, seuls les spectateurs les plus proches ont pu remarquer d'où venait cette voix. Des regards de jalousie, mais surtout de mépris à vrai dire l'accablaient. Akiko s'affaissa dans son siège.

Le kumo-jin gardait sa main posée sur le membre de la famille Sabaku. Il lui posa une question :

_ Je te répondrai que si tu réponds à ma question en premier, la haine en générale est-elle source de puissance, doit-on compter sur elle pour devenir plus fort ?

Le marionnettiste lui répondit quelque chose mais c'était inaudible ; les ondes sonores, affaiblies du fait qu'elles devaient avant de se propager d'abord passer outre la marionnettes étaient inaudibles. Akiko tenta d'augmenter les ondes sonores arrivant vers elle en effectuant un signe de main similaire à celui du Kage Bunshin. Elle sentait bien qu'elle avait pu "perturber" les ondes en sa direction, mais elle n'avait apparemment fait qu'empirer les choses.

"Fait chier! On ne peut rien entendre d'ici! On aurait dû arriver plus tôt, on aurait pu se mettre dans les rangs de devant!"

Frustrée par son échec, elle demanda à sa droite à Takaho si elle avait entendu la réponse du marionnettiste. Elle répondit que non tandis qu'un groupe de spectateur adjacent, une famille apparemment, se plaignait du combat à voix basse :

_Ce n'est pas un cours de philosophie voyons! Ni un jeu du loup touche-touche!
_Ne vous inquiétez pas mère, cela ne va pas durer, il vous faut faire preuve d'un peu de patience!

Le père pouffa légèrement de rire, sûrement pour se moquer de la mère.

Akiko soupira et se remit droite sur son siège. Elle essaya d'évacuer sa frustration pour se reconcentrer sur le combat.

Le Kumojin avait fait un bond en arrière. Etait-il choqué de la réponse de Dorumo qu'Akiko n'avait pas pu entendre? Est-ce qu'il préparait une attaque? Ou en attendait-il une de la part du marionnettiste? Akiko préférait de loin ce mode opératoire. Certains disent que l'attaque est la meilleure défense, mais comment ferait-il dans ce cas précis où l'adversaire est dans une marionnette de métal? Si l'on ne possède pas une épée légendaire ou alors tout simplement une force incroyable, comment percer l'acier? Certains Kekkei Genkai ou affinités combinés pourraient éventuellement en venir à bout. Akiko avait entendu parler d'un Kirijin capable de maîtriser le Yoton. Il aurait pu générer un lac de lave en dessous de la marionnette ou alors l'ensevelir sous une vague de ce même élément afin de contraindre Dorumo à sortir. Mais le Kumojin ne savait apparemment pas invoquer la lave.

Peut-être possédait-il un kekkei genkai tout comme elle : c'était la question qu'elle se posait, que tout le monde se posait, le kumojin avait l'air jeune, à moins qu'il soit ce type de jeune très talentueux que l'on rencontre une fois seulement toutes les décennies, il devait sûrement posséder un pouvoir héréditaire pour prétendre à cet examen aussi jeune. Pour Akiko, il s'agissait plutôt d'une certitude dès lors que l'idée lui effleura l'esprit. Il ne restait plus qu'à savoir si il s'agissait d'une capacité au potentiel plutôt défensif ou offensif.

Akiko songe souvent à sa maîtrise du son. Est-ce plutôt offensif? Défensif? Et, quelles sont les limites de ce jutsu? Sont-ce des limites physiques ou spécifiques au jutsu? Sûrement physique d'après elle. Cet enfant de l'automne s'entraînait dernièrement à atténuer le son jusqu'à le rendre muet. Elle eût même l'idée folle de contenir un son lors de sa propagation, pour éviter qu'il ne se disperse ; malheureusement, elle n'y arrivait pas très bien. Elle, elle n'utilisait majoritairement le chakra Onkyoton que pour la défense. Akiko n'est pas très hargneuse de base et il est vrai que crier comme elle le fait pour envoyer une rafale sonore peut s'avérer fatiguant au bout de quelques cris et elle peut vite s'essouffler, c'est pour cela qu'elle doit attendre le bon moment pour envoyer valser son adversaire par ses kiais. Il lui paraît aussi plus intelligible d'attendre le bon moment pour frapper de toute manière, détruire tout le paysage ou taper dans le vide est ridicule.

Tout à coup, le Kumojin effectua un jutsu et brisa le fil de pensée d'Akiko. Ses muscles se mirent à gonfler et sa pression artérielle augmentait incroyablement : on pouvait le lire sur ses veines qui avaient doublé, voire triplé de volume pour certaines. Il se ruait sur Dorumo. Akiko avait sa réponse, il possède un Kekkei Genkai offensif!

La marionnette vola en éclat en libérant un écran de fumée. Est-ce que le Sabaku a été touché? Dorumo n'avait rien pu faire, et cela n'étonna pas la jeune Hibiki. Le garçon du clan Ryûchi était en train d'inhaler la fumigène. Il toussait. Est-ce que cette fumigène était empoisonnée? Les marionnettistes sont connus pour ça.

Akiko avait eu vent d'un marionnettiste kirijin. Ce dernier utilisait le poison aussi souvent que possible. Beaucoup le considérait comme lâche, mais pas elle. A vrai dire, tous les moyens sont bons pour gagner, non? Le but premier d'un ninja est de protéger son village, par n'importe quel moyen. En fait, Akiko avait quelques notions sur l'anatomie du corps humain, ses capacités, ses possibilités donc, mais aussi sur ses limites. Plus particulièrement centré sur les organes vocales, son père lui donnait quelques cours d'anatomie. Bien que jeune, elle pu retenir certains trucs, mais pas énormément. à part sur la faculté humaine de parler, elle n'avait pas retenu grand chose ; elle avait retenu ceci car elle utilisait sa voix tous les jours. Elle n'avait que faire de l'articulation possible d'une épaule ou autre. Le "rejet" que certains pouvaient éprouver à l'égard des marionnettistes provoquait l'effet inverse sur cet enfant de l'automne, tout ce qui était rejeté l'attirer, en fait. Elle s'était surprise de constater que pour certains, manipuler une marionnette était un signe de faiblesse car on envoyait "quelqu'un" d'autre se battre à sa place, mais encore une fois, cette question la taraudait : le but premier d'un ninja est de survivre, non? Si utiliser une marionnette permets de rester plus longtemps dans un combat, tant mieux alors! C'était la conclusion à laquelle Akiko était arrivée.

Elle avait déjà été devant l'atelier de ce marionnettiste, mais elle n'était restée que devant la vitrine. Ce dernier faisait des marionnettes de combats, mais aussi pour le théâtre, des marionnettes non-armés en définitif. Elle avait appris par le bouche-à-oreille que le marionnettiste kirijin était un marionnettiste qui utilisait également des marionnettes en forme d'animaux plutôt qu'humanoïde. Plutôt drôle et intéressant avait-elle pensée : sa mère était allergique aux chats et elle ne pouvait donc pas en adopter un, une marionnette en forme de chat aurait résolu le problème!

Tandis que le shinobi Ryuchi se perdait dans les fumigènes, Dorumo avait surgi hors de celle-ci, il croisa ses bras en les ramenant près de son torse. Il atterrit dix mètres plus loin, un sourire en coin s'était dessiné sur son visage ; il avait un plan derrière la tête, c'était certain. Son sourire lui donnait un air si rassuré qu'on pouvait y lire qu'un éclair de génie le rendait certain de sa victoire : son prochain coup allait fatal!

_Il est plutôt mignon! s'exclama la kirijin aux cheveux cuivrés!

Tout s'était passé si vite : la marionnette détruite, la fumée, les kunais, le sang... Je retenais mon souffle, attendant de voir comment Nobunaga allait se tirer de cette mauvaise passe. Près de moi, Akiko était d'un enthousiasme entraînant.

Alors que mon regard était rivé sur l'arène, une main sur mon épaule me fit sursauter. Le geste n'avait rien d'agressif, cependant il me surpris plus que de raison et me fis faire volte-face. Un vieil homme se tenait là, plein d'emphase et de sérénité. Je ne l'avais pas du tout entendu s'approcher.

- Je te salue, dit-il avant de poser sur Akiko un regard intense qui n'avait rien pour me plaire.

Le vieil homme disait s'appeler Kyokushinkai. Son aura était pleine d'une force calme digne d'un grand shinobi, et aussi d'autre chose que je n'aurais su décrire mais qui me mis sur mes gardes.

Il retira sa main de mon épaule, laissant place à une sensation dérangeante.

- Pourrais-je m'entretenir avec ta camarade, quelques instants?

Mes traits se durcirent. C'était donc bien après Akiko qu'en avait cet illustre inconnu. Que pouvait-il bien lui vouloir? L'avait-il déjà rencontrée? si cela avait été le cas, il se serait sans doute directement adressé à elle. Il me sembla d'ailleurs étrange qu'il m'adresse une telle demande, mais puisqu'il en était ainsi j'allais répondre.

- Qui êtes-vous? Que voulez-vous à Akiko?

Je ne sais si je me braquais de la sorte à cause du sursaut qu'il avait su m'arracher, de son étrange aura ou du regard qu'il avait posé sur Akiko, mais une chose était sûre : cet homme ne m'inspirait pas confiance.

Akiko était subjuguée par le spectacle qu'offrait Dorumo et Le jeune Ryuchi. Ce dernier avait rassemblé le sang qui avait coulé de son corps afin d'en faire une sphère de protection autour de lui. Malgré l'impression de puissance qui se dégageait de cette technique, on pouvait clairement voir que le shinobi était à bout.

_Qui êtes-vous? Que voulez-vous à Akiko?

Akiko tourna la tête en direction de Katsushika. Ce dernier parlait avec un homme âgé derrière lui qui avait auparavant posé sa main sur l'épaule du jeune artiste, pour exprimer sa sympathie : on pouvait le deviner à la posture du vieux samurai, qui avait la main levé dans le vide.

_Tu ne me fais pas confiance, n'est-ce-pas?

Akiko ne comprenait pas la scène. Pourquoi est-ce que Katsushika se méfiait? Ce n'était pas son genre. Akiko était encore soufflée par les prouesses du jeune Ryuchi. On dit des filles qu'elles peuvent faire plusieurs choses à la fois, mais Akiko incarnait ici l'exception qui confirme la règle. Elle leva alors le bras, puis en inclinant son poignet vers le haut, elle leva l'index à son tour, elle voulait poser une question, demander ce qui se passait, comme elle l'avait appris à l'école.*

_Kiri forme bien ses jeunes pousses, la méfiance est un trait de caractère nécessaire au shinobi... Pourtant, je dois te demander de me laisser parler à ma descendance.

Akiko rebaissa l'index*, à ce stade, elle se demandait si il ne s'agissait pas là d'un quiproquo. Le temps se figea un instant pour laisser s'installer un silence laissant, lui, place à un bref malaise.

_Ma descendance oui... Qu'importe qui tu es, tu n'es pas une fille de l'eau mais bien du son.

Un silence encore plus bref et plus malaisant que le premier vint se placer entre les deux phrases du vieil homme.

_Je le sais car tu es une Hibiki.

Mais de quoi parle t-il?!Akiko n'a que 14 ans, peut-être est t-elle trop jeune pour ce genre de discours? Et comment savait-il son prénom? Tant de questions, trop de questions pour Akiko. La jeune kirijin fût victime d'un ascenseur émotionnel : de la joie et l'excitation, elle arriva à la peur et à la surprise.

_Papa?!

"Quelles paroles idiotes!" Son père ne pouvait pas avoir de cheveux blancs, du moins elle l'espérait... De plus son père n'avait jamais porté de sabre. L'homme ici portait son sabre comme si il s'agissait d'un propre membre de son corps. Le corps d'Akiko avait évacué le stresse par cette question, elle n'avait pas pu le contrôler.

Elle restait là, la bouche entre-ouverte, rien ne pouvait plus clairement exprimer les sentiments qu'elle éprouvait : elle était perdue.


*

Spoiler:

Tandis que le vieil homme essayait de prouver à Akiko son appartenance à la famille Hibiki, le combat dans l'arène arrivait à son terme. un cri de douleur retentit alors dans l'arène : Dorumo pissait le sang depuis le genou. Le Ryuchi avait amputé le marionnettiste de sa jambe!

Affolé, effrayée, horrifiée : c'était les trois sentiments qui accablaient Akiko. Ce marionnettiste qui, malgré sa courte prestation, avait impressionné Akiko. Cet art qu'est celui de la marionnette avait brillé dans les yeux verts d'Akiko. La déception et le doute envahirent peu à peu Akiko, "va-t-il pouvoir continuer dans sa voie de Shinobi? Il gît au sol sans secours!" Elle souhaitait partir à son secours, mais comment?! Au mieux elle n'aurait pu faire qu'un semblant de garrot qui n'aurait jamais tenu la route jusqu'à l'infirmerie qui devait se trouver seulement 30 mètres plus loin. Elle restait alors impuissante.

Le vieil homme penché sur Akiko ne semblait pas prendre goût à la scène, il s'en désintéressait apparemment au plus haut point possible. Il continuait son discours qu'Akiko n'entendait que par bribes. Les cris des spectateurs ainsi que la stupéfaction qui, encore une fois, accablait Akiko l'empêchait d'écouter plus.

_ Nous ne sommes pas en sécurités ici, j’ai vu des ombres en venant ici, elles dévalaient la montagne que tu as dû croiser en arrivant. Le mal s’approche, fais-moi confiance et suis-moi hors de ce village. Tu as toutes les raisons de ne pas me croire, mais je ne te veux aucun mal… Akiko.

Elle se tournait vers lui, le regardant alors yeux dans les yeux ; son regard était auparavant fixé sur l'arène. Elle pensait avoir compris le principal de son discours, elle n'eut pas alors besoin de demander au vieil homme de répéter.

_Que dîtes-vous? Des ombres marchent en notre direction? Un piège?

Akiko se tourna un peu plus pour regarder derrière elle, Erina-sensei avait disparu! Quelle poisse! En tant que Kirijin, elle se devait d'informer des plus haut gradés. La panique l'envahit. Sans même se poser la question de la véracité des propos du vieil homme, la panique l'envahissait. Comment ne pas le croire à vrai dire? Il avait une attitude rassurante et inspirait la sagesse. Akiko rassembla ses mains. C'est ce qu'elle faisait quand elle était déstabilisée et qu'elle avait besoin de se concentrer. Elle malaxait son chakra pour tout dire, la concentration requise pour cet effort libérait son esprit de tout le reste.

Elle resta ainsi pendant quelques instants. Entre-temps, le Sabaku avait été emmené par les infirmiers du domaine. Akiko ne les avait pas aperçu, ses paupières étaient fermées. On aurait pu présumer le marionnettiste mort, il ne bougeait pas d'un poil, son état avait tout l'air d'être un début de coma : c'est ce que le public autour d'Akiko présumait, pour se rassurer, bien que certains tentaient de faire preuve de lucidité en évoquant la mort par hémorragie...

Après une grande inspiration suivi d'une toute aussi longue expiration, Akiko rouvrit les yeux et désenlaçai ses mains. Calmement, elle se tourna vers le vieil homme.

_Si ce que vous dîtes est vrai, alors il va nous falloir agir. On ne peut pas rester là

Elle fît signe au viel homme tout autant qu'à Katsushika de la suivre. Bien qu'elle aurait voulu courir, elle jugea plus sage de se faufiler simplement vers la sortie des tribunes. Tant bien que mal, elle essayait de ne pas écraser les pieds des spectateurs de ses getas.

C'était là une bien étrange proposition que me faisait le vieil homme. Il me proposait de le suivre auprès d'Akiko pour fuir cette arène où quelque chose allait vraisemblablement arriver. La paix et la sécurité contre mon obéissance, cela me semblait être le contrat qu'il proposait. Il avait plongé son regard dans le mien, donnant un effet dramatique à ses paroles.

Cependant, il ne semblait pas avoir compris la réponse d'Akiko. Ou bien était-ce moi? Quoi qu'il en soit, ce qu'il n'avait pas saisi était l'individu qui se dressait face à lui. Katsushika du clan Manji. Cela signifiait que l'honneur de ma famille ainsi que le mien passait avant toute chose. Je sais que je ne suis encore qu'un simple Genin, mais jamais je ne souillerai le nom du clan à la seiche.

- Et quel honneur y a-t-il à fuir les ténèbres en laissant y sombrer le reste de nos camarades?! N'avez-vous pas entendu ce qu'a dit Akiko? Il faut faire quelque chose si un danger approche!

Fuir et abandonner ne faisait pas partie de mes projets en tant que shinobi. Malgré ce que paraissait croire ce vieil homme, il ne me semblait pas non plus que c'était dans l'idée d'Akiko. Je me tournai alors vers elle et demandai :

- Que comptes-tu faire, Akiko Hibiki?

Akiko était concentrée et ressentait une détermination aussi grande que possible pour une adolescente de son âge. Elle marchait, se faufilait, progressait à tâtons par endroit car les gens ne se poussaient pas ; avancer avait été difficile, cela se révélait plus difficile qu'un entraînement de l'académie ninja. L'heure était à l'entracte après ce match, et les spectateurs continuaient de produire du vacarme. Ce vacarme était différent de celui qui régnait pendant le match. Celui-ci se composait majoritairement de rire alors que l'autre se composait plutôt d'étonnement en tout genre au sein d'encouragements : Ohh! Haa! Beerk! Ces onomatopées rythmait le match comme une chanson l'est grâce à son introduction, ses couplets et ses refrains...

De temps à autre, elle guettait derrière elle pour voir si son camarade et le vieil homme ne peinait pas trop à avancer. Ils se trouvaient finalement tous trois devant la sortie des gradins, qui donnait sur les longs couloirs qui encerclaient l'arène. Ces longs couloirs dans lesquelles Akiko avait du piétiner avant que les matchs ne commencent : que les gens sont désordonnés dans de telles situations!

_Et quel honneur y a-t-il à fuir les ténèbres en laissant y sombrer le reste de nos camarades?! N'avez-vous pas entendu ce qu'a dit Akiko? Il faut faire quelque chose si un danger approche!

Katsushika s'adressait au vieil homme accompagné de la grande défiance qui lui était propre.

_Que comptes-tu faire, Akiko Hibiki?

Cela aura été une journée pleine de rebondissements. Les sentiments et émotions d'Akiko s'était transformés en yoyo tout durant. Voici qu'un autre problème se dévoilait...

_Qu... Quoi?! Qu'est ce qu'il y a?! Qui a parlé d'abandonner les camarades?! On n'abandonne personne à Kiri. Nous nous en allons avertir un haut-gradé, on ne pourra pas atteindre la salle des kages avec notre grade.

Abandonner ses camarades? Non. Cela était impossible. Ce n'est pas ce qu'on apprends aux shinobis de Kiri. Dans le régime totalitaire qu'avait mis en place l'ancien mizukage, Aizen Samidare, les kirijins devaient se serrer les coudes. Comme tout état totalitaire, le nationalisme était la clef de voûte du système. Akiko ne le comprenait que trop bien. En fait, elle le vivait plutôt, elle avait à vrai dire besoin des principes de ce système.

Certes, elle n'était arrivée à Kiri que sur la fin de ce régime, et heureusement d'ailleurs. Ce dernier était quelque peu... réticent aux étrangers. Avec le nouveau Kage, Drychda Yojimbo, le système s'était amélioré, et elle avait été accueillie comme jamais ailleurs. Ses camarades shinobis ne l'avait pas rejetée, elle était une élève normale, dans un village ninja normal. Mais les quelques traces de nationalisme, de patriotisme qu'avait laissé le régime d'Aizen avait toutefois bercées Akiko au long de sa scolarité. Les moeurs ne changent pas aussi vite, et, encore une fois, on lui avait appris à respecter et protéger ses camarades. On pourrait trouver cela paradoxal en vérité : une étrangère, qui plus est dont les ancêtres viennent du village caché du son, qui lui a un lourd passé, est accueillie à Kiri. L'astuce a résidé dans son nom de famille, qu n'était pas inconnu à Kiri : en effet, une souche de la famille Hibiki s'y était installée depuis quelques générations...

_Que comptez-vous faire vieil homme?! Où est le problème?! Venez avec nous prévenir le Mizukage et les autres par la même, bien que vous n'ayez aucun devoir envers eux, vous serez accueilli en héro. De plus, comment compteriez-vous fuir alors que "ces ombres" nous encerclent probablement déjà?!