La rebelle entre dans le rang.

Long d’un sommeil de trois saisons, Uzumi Hibiki peinait à ouvrir les yeux. La lumière qu’elle n’avait pas vu depuis si longtemps agressait ses pupilles et la faisait grimacer. Une de ses mains venait filtrer cet éclat tandis que son autre oeil restait fermer. Cet stase provoquait un mal de tête et un affaiblissement général. Le corps humain n’était pas fait pour cela, et la guerrière sentait qu’elle manquait de force. Elle prit un instant pour deviner les formes qui l’entourait, le bruit qui y régnait et les odeurs qui parcouraient la pièce. Les couleurs floues laissait peu à peu place à des contours plus net mais un bourdonnement dans son oreille s’installait. Malgré tout, elle décida de se lever. Saisissant avec précipitation un appuis matériel, l’assassine tombait sous ses jambes hésitantes et les coups de marteau lui brisant le crâne. Des flash résiduels venaient envahir son esprit, et son cerveau s’était mis en marche pour lui fabriquer sa nouvelle réalité.

* * *
* *

Ainsi, elle était toujours la petite fille aubergiste, transformée en esclave par des Kumojins, qui une fois délivrée était devenue une boule de rancoeur envers cette faction. Cette haine qui avait fait d’elle une combattante sans pitié, sans notion de bien ni de mal. Cette histoire unique l’avait rendue téméraire et indépendante, et ô combien attachée à sa liberté plus qu’à sa propre vie. Son viol la faisait haïr les hommes, et la dangereuse femme n’aimait guère les contacts physiques. C’était d’ailleurs ce qui l’avait poussé à tuer son premier Kirijins, un général de l’armée indépendante qui avait voulu abuser d’elle, la rendant fugitive. Vivant cachée, elle avait entendue qu’un mouvement pour basculer le pouvoir était en cours. C’est ce moment qui avait été choisis par Saisei Ao pour réécrire l’histoire.

Le cadeau qu’Aizen avait offert à Uzumi, la chance d’une nouvelle vie à la fois plus tranquille et adaptée aux caprices sanguinaires de la Kunoichi s’estompait pour ancrer l’oeil rouge du Yoyuugan. A présent manipulée, et ce fait réalisé, plusieurs conséquences se manifestaient d’elle-même. L’admiration envers l’Empereur disparue, au profit de Drychda Yomjibo, actuelle Mizukage, une nouvelle vérité s’écrivait toute seule. L’interprétation des événements durant le règne de l’Empereur se métamorphosaient, accompagnée de modifications engendrées par la cheffe scientifique.

Durant la guerre de Kiri contre Konoha, un élément avait été retiré pour préserver les relations internationales. Haiiro Soramaro venait d’être effacé du champ de bataille, ainsi l’assassine ne le traquerait plus. Cette version effaçait également sa rencontre avec l’un des derniers Kazekage : Nitobe Soufuku, devenu lui aussi une cible versatile de l'intransigeante ex-esclave. Ce choix imposait de fournir une nouvelle raison pour son déplacement vers l’examen Jônin du Pays de la Foudre, motivée à la base pour tuer Haiiro. Le Dojutsu du Samidare jouait un rôle pour forcer Uzumi à s’y rendre. Aucune trace ni nouvelle de l’Empereur n’avait été donnée, comme s’il s’était volatilisé, mais Uzumi ressentait encore sa présence. Elle devait démontrer la puissance de Kiri en faisant annuler l’événement, expliquant ainsi qu’elle avait décapité une preuve, à l’origine causée par sa frustration. Le Yoyuugan faisait encore effet, l’obligeant à affronter Drychda Yojimbo. Un acte à présent configuré contre sa volonté.

* * *
* *

La respiration de la Hibiki s’était accélérée brusquement. En sueur, elle subissait ce lavage de cerveau et ce réveil rude avec difficulté. Serrant sa tête dans ses mains, la kunoichi tentait de chasser ce mal qui la rongeait. Son esprit tourmenté, sa fierté blessée, sa liberté volée, celle qui maîtrisait le son hurlait, déchaînant son pouvoir, repoussant et plaquant tout ce qui se trouvait dans la pièce contre les murs.

J’VAIS L’BUTER. OU C’QU’IL EST C’T’ENCULE D’AIZEN.

Son esprit était encore engourdi, la jeune femme avait du mal à assimiler les informations, ou du moins, à les réaliser. Elle avait peur. Peur de ne jamais retrouver ce traître, peur de ne pas reconquérir sa liberté totale, peur de ne pas faire payer cet affront et obtenir vengeance. Elle restait bouche bée, désarmée. Impassible comme une marionnette, elle ne savait plus quoi faire. C’est alors sans rechigner qu’elle acceptait les traitements et les conseils de Saisei Ao. L’assassine était perdue. Sa vie bien que compliquée, avait toujours été composée de choix simple, évident, systématiquement instinctif. Un voile de fumée se hissait entre ses réflexions, embrouillant sa voix :

O-ou ? Ou, il.. Ooouu ça ? Ou il est ? Ouu-ou ?

Son timbre de voix était emplit de gravité et chargé de tristesse. Même si cela était faux, cet homme qui portait le nom de Samidare Aizen avait, dans sa nouvelle réalité, volé la chose la plus précieuse de la Hibiki. Sa vie, son libre-arbitre, ses pensées, sa liberté. Jamais quelqu’un ne lui avait volé autant. Même lorsque sa virginité et sa sexualité ne lui appartenait plus, même quand son corps et son travail servait aux autres, même lorsque la raison la quittait. Il y avait quelque chose qu’elle avait toujours gardé. Elle était Hibiki Uzumi. Hibiki Uzumi, pas quelqu’un d’autre. Elle n’était personne d’autre. Et cet homme.. Cet homme lui avait même volé cela. Son identité.

La Ao était à la tâche en train de rendre les forces à la guerrière. Son corps se dérouillait et son crâne s’aérait. Ce bien-être faisait céder une goutte salée à l’ancienne esclave. Cette sensation était étrange. Depuis quand quelqu’un s’était occupée d’elle ? Elle tentait de se rappeler, en vain. Alors, elle se raissaissisait, comme si cela n’avait été qu’un moment de relâchement. La petite fille aubergiste était devenue combative malgré ses faiblesses. Toujours assise au sol et en toussant à cause de l’odeur que la kiseru avait dégagée, elle annonçait :  

J’p.. J’peux bouger.

La femme médecin tendait son épaule et son cou pour que la guerrière y passe un bras, facilitant ainsi ses efforts. Uzumi réalisait qu’elle se tenait dans un lit, très standard, voir mytheux pour d’autres pays, mais jugé confortable a Kiri. La désertrice récidiviste n’avait pas toujours passé ses nuits dans de la literie. Les bois et les fermes durant sa cavale étaient ses couchettes, ainsi qu’un simple trou de terre lorsqu’elle était encore esclave. La sensation lui était agréable. Saisei Ao lui apportait des béquilles, lui permettant de se déplacer après avoir retrouvé un peu de force. L’assassine appréciait, cela l’aurait agacé à la simple idée qu’elle ne puisse pas disposer de son corps. Puis soudainement, son oeil vit une main s’approcher, effleurant sa joue, la caressant, glissant sur sa peau mouillée. De l’eau ? Un contact ? Son esprit qui venait à peine de s’éveiller, se dissipait, se divisait face à ces deux réflexions simultanées. Uzumi se figeait, dans un long moment de méditation.

Oy. Balances, et t’morte. T’as d’la chance d’pas d’l’être ‘core.

Si elle l’avait pu, elle se serait levée et déchaînée sur celle qui désormais, la connaissait le mieux au monde. Quelle idée était passée par la tête de Saisei, qui avait conscience de toute l’histoire de cette femme qui ne se battait que pour son besoin de liberté insatiable. La Ao savait qu’Uzumi tuait à vue, sans code d’honneur, quiconque la touchait sans son consentement. Toutefois, à l’instar de Soufuku, Saisei devenait une “cible spéciale” pour la meurtrière. Le fait qu’elles se soient déjà touché dans une volonté d’entraide, et qu’elle propose à cet instant précis un verre, perturbait le processus habituel de la Hibiki. Désarmée, la manipulatrice du son voyageait à travers plusieurs expressions : surprise, ronchonneuse, curieuse et angoissée. La femme du bas monde n’avait jamais avalé d’alcool, cette expérience l'intéressait par l’opportunité nouvelle que cela représentait, mais s'inquiétait également ayant peur que cette substance lui fasse perdre le contrôle. Ainsi, elle répondait de manière évasive tandis que les deux infirmières rentraient dans la pièce.

Mouais. J'déciderai s’tu vis après.