J'ai vécu...
Au commencement
Par une froide nuit de l'an 79 naquit Juzo Bunta, un enfant à la peau blanche comme la neige qui tombait drue dehors. Ses cheveux gris, presque aussi clairs que sa peau, ainsi que ses yeux à l'orange inquiétant étaient le symbole même de son appartenance au clan. Les manipulateurs de cendre, ceux que l'on appelait les enfants du Phénix depuis plusieurs générations. Une mère aimante, un père indifférent. C'était les premiers pas de celui qui deviendrait bientôt le fantôme au masque.
Un pouvoir différent
Juzo Bunta grandit à Kumo, dans une grande maison, entouré de son père et de sa mère. Depuis tout petit déjà, il ressent un manque en son coeur, comme si on avait retiré une partie de lui-même dès sa naissance. D'ailleurs, étrangement, le jeune garçon ne garde aucune image de ses trois premières années, exceptée celle de lui-même et d'une personne extrêmement semblable à sa propre personne, se tenant par la main.
Nous sommes donc en 85, et Juzo manifeste depuis deux ans déjà une réelle aptitude à utiliser le Katon. Il est en classe lorsque durant un exercice, la boule de feu qu'il était censé produire ne se matérialise pas. À la place de ça, il souffle des cendres qui viennent s'écraser contre la cible sans lui causer aucun dégât. Ce jour-ci, Juzo découvrit son affinité pour le Haiton, l'art de manipuler les cendres, spécialité du clan Bunta.
L'incapacité du Bunta
Mais tout ne se passe pas comme prévu pour le jeune garçon. Depuis le jour où son affinité a fait son apparition, Juzo n'a plus été capable de créer ne serait-ce qu'une simple flamme. Deux années passent pendant lesquels Juzo n'est capable que de créer de la cendre, encore et encore, sans jamais la rendre offensive. Il s'écarte petit à petit de ses camarades, devenant un être solitaire et hautain, battant au corps à corps quiconque se moquerait de lui, et surtout de son incapacité à utiliser des Jutsus dangereux. Bien sûr, ses parents ne lui ont jamais révélé que cette période de transition était normale : la tradition du clan veut que les hommes parviennent à maîtriser leur pouvoir seul, sans aide de personne.
Vient alors un jour différent des autres. Juzo n'a pas un seul ami, et la plupart des personnes avec qui il a grandit sont à présent devenues des genins. Lui, incapable de se battre autrement qu'avec des kunaïs et ses poings, est resté jusque là au rang d'élève. Du moins, jusqu'à la provocation de trop. Tandis qu'il rentre des cours, l'un des meilleurs élèves de son ancienne classe vient de passer Chuunin. Le genre de ninja que tout le monde aime, plein d'amis, le rêve des jeunes filles.
- Oh, mais dîtes-moi, ne serait-ce pas Juzo ? On m'a dit que tu n'étais pas encore genin ? Tu me diras, à part fait éternuer tes adversaires, tu ne sais pas faire grand chose.Ovation de l'assemblée, fou rire du peuple, humiliation pour le jeune Bunta. Tout ce qu'il ne supporte pas. Pris d'un accès de rage, celui-ci se rue sur le moqueur, poing en avant. C'est ce jour-ci qu'il prit la plus grosse volée de sa vie. Aucun de ses coups n'atteint son adversaire, son raiton le rendant bien trop rapide. Un coup dans le thorax, deux dans les côtes, un dans les dents. Giclée de sang de la lèvre explosée.
- Bah alors Bunta, ça va pas ? Tu vas me cracher de la cendre à la figure pour m'aveugler ?Nouveaux cris, nouvelles huées. C'en fut trop. Les yeux de Juzo prirent pour la première fois cette teinte écarlate, connue aujourd'hui comme un signe de grande animosité de la part des membres du clan. Fou de rage, détruit d'orgueil, le garçon tempête se releva. Il sauta dans les airs, et cracha en direction de son adversaire une gigantesque nuée de cendres. Ce dernier rigola, jusqu'à ce que les cendres ne redeviennent braises et ne s'enflamment en arrivant à son visage. Le cri de la victime couvrit les hurlements de la foule. Juzo maîtrisait son Katon, son Haiton, et son entourage. On ne se moquerait plus de lui. Ils n'étaient rien. Tous.
Changement
Cet épisode marqua le début du renouveau de Juzo. Il parvient quelques temps plus tard à maîtriser le genjutsu. Il passa très vite genin, puis Chuunin. Craint de tous, orgueilleux au possible, Juzo passait son temps à s'entraîner. Il recherchait des adversaires à sa hauteur, ou du moins des personnes aussi "pures" que lui. Car oui, c'est ainsi qu'il se sentait, pur. Une neige blanche, une vague solitaire, une tempête permanente, souillée par le monde sale et hideux dans lequel elle évoluait. Le Bunta ne l'acceptera jamais, mais ce traumatisme, ces moqueries l'auront poussé à devenir ce qu'il est, en plus du manque qui le ronge constamment.
En 20 ans
À partir des années 96 et 97, la vie de Juzo prit une tournure qu'il n'aurait jamais imaginée. Tout d'abord, les tensions entre différents pays ont profondément marqué l'esprit de notre homme. Des kages sont morts, et la situation à Kumo a empiré de telle sorte que l'homme aux cheveux blancs fut particulièrement blessé. Juzo n'a jamais vécu dans un climat de communauté, se mêlant rarement aux gens. Mais une chose est sûre, il aime le pays qui l'a fait naître.
C'est également dans ces années que Juzo rencontre Naeko Esuki, âgé de deux ans de moins que lui. Le jeune homme ne saurait expliquer pourquoi, mais il perçoit en cette personne un énorme potentiel, et c'est la première qui s'approche un minimum de cet être si pur qu'il recherche.
Juzo prend Naeko comme allié, et en 97, alertés par certaines choses suspectes dans la direction de Kumo, le duo décide de s'enfuir. Juzo ne saurait expliquer pourquoi, mais il eut à ce moment là un pressentiment quant aux événements désastreux qui allaient advenir par le futur. Ils quittent donc le village en 97, et errent quelques temps sans but réel.
En 98, Naeko rejoint l'une de ses connaissances lors de l'examen Juunin se déroulant à Kiri. C'est ici que les chemins du duo glace et cendre diverge, mais les deux alliés se sont jurés de se retrouver. Depuis cette rencontre, le coeur de Juzo est moins embrumé par l'orgueil.
La vie du Chuunin devient alors une route solitaire. Sa santé se détériore à grands coups d'entraînements, et ses suspicions s'avèrent exactes. Prenant des nouvelles de Kumo, il apprend que des centaines de ses habitants quittent le village.
Plusieurs années passent et les drames augmentent. Juzo devient de plus en plus puissant, ne donnant sa vie qu'à devenir un meilleur combattant en attente d'un but réel. En attendant de pouvoir retrouver sa terre, et d'enfin rencontrer cet être exceptionnel, celui qui apparaît dans ses rêves.
C'est en l'an 105 que notre homme apprend la mort de ses parents, retrouvés cisaillés. Si il n'a jamais aimé et même apprécié ses parents, l'honneur incommensurable du personnage lui interdit de laisser son clan ainsi rabaissé, par la mort de plusieurs de ses membres. Monte en lui une envie extrême de vengeance, et un but : reprendre le village, et détruire les assassins de ses confrères et de sa famille. Une larme aura coulé sur sa joue dans sa vie entière. Une larme de rage, sans peine et sans tristesse. Décidant d'être un oublié du monde, considéré comme déserteur, il préfère changer de nom. Appelez le désormais Haiko.
Neuf années passent encore. L'allure de notre homme a changé. Son masque le protège de ses propres cendres, sa toux couvre le silence absolu des déserts, son âme se perd dans le blizzard. Ses yeux rouges éclairent la nuit, il est le fantôme du monde Shinobi, ses apparitions sont devenues rares, et synonymes des cauchemars des passants qui le croisent. Il n'est plus homme, il n'est que cendre. Une cendre qui se propage à travers le monde, mélancolique et triste, orgueilleuse et froide, vivante et morte. Mais avec une idée derrière la tête, qui pourrait changer le choses...